L’économie bretonne a bien résisté puis s’est relancée après la pandémie de Covid-19. Désormais les entreprises de la région cherchent à se projeter pleinement dans le monde d’après. Alors qu’une cinquième vague épidémique touche la France, faisant ainsi perdurer l’inflation et les contraintes d’approvisionnement, l’activité entrepreneuriale ne cesse pourtant de croitre en Bretagne. De nombreux secteurs souhaitent recruter, toutefois la main d’œuvre n’est pas au rendez-vous. Mais alors pourquoi les entreprises bretonnes rencontrent de telles difficultés de recrutement ? Quelles sont les solutions existantes pour endiguer ce manque d’attractivité ?
L’économie repart mais les emplois pourvus ne suivent pas ! Tel est le lot de la plupart des régions françaises après quasiment deux ans de crise sanitaire. Évidemment la Bretagne n’échappe pas à la règle.
Néanmoins la région enregistre des performances impressionnantes en matière d’emploi, en témoigne le taux de chômage le plus faible du pays : 6,5% au troisième trimestre 2021 selon l’Insee. Ainsi la Bretagne parvient à atteindre un meilleur taux d’emplois pourvus qu’avant la pandémie de Covid. Cette réduction du nombre de demandeurs d’emplois s’explique notamment par l’augmentation des créations d’entreprises dans la région. Au total entre janvier et novembre 2021 plus de 35.000 nouvelles sociétés ont vu le jour en Bretagne. Une hausse de 27% par rapport à la même période en 2020, d’après une étude de Bpifrance.
Un dynamisme qui séduit peu
Cependant si cette croissance entrepreneuriale dans la région est positive, elle engendre aussi de fortes difficultés de recrutement. A titre d’exemple, une étude de la Banque de France datée de novembre 2021 précise que les secteurs d’activité majeurs en Bretagne (construction, services marchands et agroalimentaire) peinent à pourvoir de nombreux postes. « Près d’une entreprise sur deux (45%) rencontre actuellement des difficultés de recrutement, et cela dans pratiquement tous les secteurs. Or nous ne sommes pas encore entrés dans la période de rebond économique, qui risque d’accentuer ce phénomène » professait Hervé Mattei, directeur régional Bretagne de la Banque de France, en marge de son intervention au FEB en septembre dernier.
A cela, Lydie Nicol, secrétaire générale de la CFDT Bretagne, répond que le problème n’est pas lié à « une pénurie de main d’œuvre, car les gens sont prêts à travailler ». D’après elle, le principal défaut des entreprises réside dans « les salaires trop bas et les conditions de travail contraignantes ». Toutefois cette problématique « ne date pas de la période Covid mais depuis de nombreuses années » affirme de son côté Michel le Bot, référent agroalimentaire de la CFDT en Bretagne. Il martèle que certains métiers phare de l’économie régionale ne sont désormais plus attractifs. C’est le cas notamment des professions agricoles qui représentent plus de 70.000 emplois en Bretagne. « Il y a une tension conjoncturelle que nous devons gérer puisque certains secteurs géographiques de la Bretagne sont en situation de plein emploi, nous confiait Marie Kieffer, déléguée générale de l’ABEA, dans le cadre du FEB 2021. C’est à nous de mieux valoriser nos produits et nos pratiques, de mieux valoriser nos engagements dans la transition, de parler d’une seule voix sur les opportunités d’une filière largement plébiscitée pendant la période Covid ! »
Enfin des raisons intrinsèques à la région expliquent également ce manque d’attractivité. Le baromètre des territoires 2021, réalisé par le cabinet d’étude Elabe, met en évidence le défaut d’infrastructures en Bretagne. Pour 47% des sondés, le manque de transports et de mobilités demeure le principal défaut de la région. Ensuite vient la problématique du logement, preuve que bon nombre de citoyens veulent s’installer en Bretagne mais ne parviennent pas à trouver un habitat. Malgré les efforts sur le plan de la construction de logements neufs qui progresse de 2,5% en Bretagne, alors qu'elle recule de 0.4% en France. Cependant très peu de biens sont mis en vente ou même en location ce qui freine l’arrivée de nouveaux travailleurs.
Des solutions « Made In Breizh »
D’emblée la situation pose question : comment rendre les emplois en Bretagne plus attractifs ? Une plus grande mise en lumière du dynamisme économique de la région apparait comme un moyen d’améliorer l’image de la Bretagne, non seulement en France mais aussi en Europe. Pour se projeter vers l’avenir et « le monde d’après » la région dispose également d’autres leviers, notamment la plateforme pour l’emploi chargée de mettre en relation les différents acteurs qui constituent le tissu économique breton et dont une version beta devrait être dévoilée en exclusivité lors du FEB 2022. Et enfin, à l’heure où la pandémie de Covid-19 touche encore la France, les entreprises bretonnes doivent désormais s’adapter aux nouvelles modalités du travail, qui pourraient même devenir un atout pour attirer des talents traditionnellement captés par l’Ile-de-France. Ainsi les défis sont légion, mais les solutions semblent encore plus nombreuses. A bon entendeur, rendez-vous au FEB 2022 !