Le FEB 2023 a pour grande thématique « Réinventer les modèles pour une croissance régénératrice ». Que vous inspire-t-elle ?
Un sentiment de grande responsabilité collective ! Nous avons face à nous des chantiers gigantesques, environnementaux, démographiques, financiers, sociétaux, managériaux, que nous devons absolument mener, car il en va de la pérennité de notre consommation alimentaire, de nos vies et de notre souveraineté. Système U est pleinement engagé pour ce changement ambitieux et responsable. C’est que je montrerai au FEB !
Au sujet de l’inflation, à quelle trajectoire devons-nous nous attendre ?
L’inflation alimentaire atteint déjà plus de +20% sur 2 ans, c’est énorme ! Nous ne reviendrons jamais aux prix d’avant-crise, pour de multiples raisons. En ce début septembre 2023, l’inflation recule, les prix se stabilisent et les distributeurs comme U font tout ce qu’ils peuvent pour la contenir ou la réduire. Je pense notamment aux 900 produits dont les prix baissent actuellement dans nos rayons, et à la prochaine réouverture des négociations commerciales avec les plus grandes multinationales, que nous appelons de nos vœux de longue date, afin de se remettre autour de la table et de négocier les prix vu le retournement à la baisse des marchés des matières premières dont nous souhaitons faire bénéficier à nos consommateurs, très fortement impactés en ce moment.
Où en est aujourd’hui le secteur agro-alimentaire ? Comment fait-il face à la crise ?
Le secteur agro-alimentaire est très combatif et résilient. Il l’a admirablement prouvé lors de la crise du Covid. Mais il faut que les efforts soient conjoints en cette crise inflationniste. Certains industriels ont joué le jeu des baisses de prix, d’autres non. La réduction des volumes que nous constatons dans nos rayons peut avoir des conséquences graves pour toute la chaîne de production.
En tant qu’entreprise majeure de la grande distribution, comment faites-vous face à l’inflation ?
Nous sommes avant tout des commerçants, qui nous adaptons à la demande de nos clients. Nous avons mis très tôt en place beaucoup de mesures ambitieuses dans les Magasins U, afin d’aider les consommateurs qui nous réclamaient de l’aide. Nous avons construit un panier de 150 produits U à prix coûtants, sur lesquels nous ne prenons rien de plus que la marge légale. Ça marche très fort. Par ailleurs, nous prolongeons nos 4 fruits et légumes à prix coûtant chaque semaine, donnant aussi accès à des produits frais de qualité. Nous venons également de proposer plus de 280 produits remisés de -20 % adaptés à la saisonnalité chaque mois, dont des produits frais, grâce à la carte de fidélité.
Quelles sont les nouvelles attentes des consommateurs et comment y répondre ?
Je parle parfois d’un consommateur « schizophrène » car il nous fait part d’attentes parfois assez contradictoires. Plus de local, moins de viande, ou alors de qualité, plus de sain, etc. Mais avec un prix toujours moindre. Je suis persuadé que nous changeons de système de consommation, et qu’il nous faut accompagner ces changements avec optimisme car ce sont de nouvelles opportunités, et volontarisme car nous ne pouvons pas reposer sur nos lauriers. La situation réclame que nous changions les choses, et le mouvement est pleinement en marche chez U.
Comment concilier l’objectif d’un « bien-manger pour tous » et le besoin de garantir une souveraineté alimentaire ?
Il faut que nous arrivions à réconcilier le citoyen et le consommateur. Pourquoi choisir entre bien-manger, manger Français, manger à sa faim ? Système U ne se résout pas à ces choix cornéliens, et travaille, avec ses partenaires comme la coopérative Eureden, à proposer des produits bretons, sains, accessibles.