Forum Economique Breton 2024

DOMINIQUE KERVERN - DRH GROUPE PIRIOU "Nous avons décidé de proposer des logements transitoires pour les nouveaux arrivants"

Dominique Kervern, DRH du Groupe Piriou.
Pourquoi c’est important pour le groupe Piriou, entreprise de construction et réparation navale créée en 1965, d’être partenaire du FEB ? 
Dominique Kervern : Le FEB est devenu un moment phare de la vie économique bretonne. Notre souhait chez Piriou, c’est d’être un acteur du territoire et de faire vivre l’exception industrielle bretonne. Soutenir et participer au FEB est donc une évidence pour nous. Cet engagement se retrouve aussi dans la participation active de Piriou comme membre du Club ETI Bretagne. Comme DRH de Piriou, je participe à la commission RH & RSE du Club ETI Bretagne. Notre objectif au sein de cette commission est de mettre en commun des actions, des dispositifs, de partager et de se benchmarker pour que chacun - à son niveau - puisse en tirer des enseignements concrets, utile à son entreprise et au territoire. Chez Piriou nous avons des racines et des ailes. Nous sommes tournés vers l’international (Sur nos 1 400 salariés, la moitié est à l’étranger : principalement au Vietnam, au Nigeria et en Roumanie), mais notre base est en Bretagne, à Concarneau, où nous avons nos chantiers historiques et où nous avons maintenu nos centres de décisions. 

Vous portez un projet particulier depuis deux ans : celui d’une résidence d’actifs, en quoi cela consiste ? 
Dominique Kervern : Pour bien comprendre la création de cette résidence d’actifs, il faut d’abord revenir à la genèse de ce projet. En 2021 et 2022, Piriou a connu une forte augmentation de son chiffre d’affaires et par conséquent nos besoins de recrutement aussi. Nous cherchions à recruter plus d’une centaine de candidats par an, et, pour cela, il a fallu élargir notre zone de recrutement hors de la région Bretagne. Rapidement s’est posée la question du logement sur le territoire littoral. Certains candidats devant même renoncer à venir nous rejoindre pour cette raison. Chez Piriou, une des valeurs que nous prônons est l’audace. Alors même si ce n’est pas notre métier, nous avons décidé de proposer nous-mêmes une organisation permettant d’avoir un logement transitoire pour les nouveaux arrivants. Nous nous sommes regroupés avec d’autres organismes et industriels de Concarneau et sommes devenus partenaires de l’Opac Quimper-Cornouaille, d'Action Logement et d��Ailes 29. Ces acteurs sociaux vont construire et gérer les logements et aider les salariés à trouver une habitation pérenne à terme. Nous avons initié et restons pilotes du projet. 

Concrètement où en êtes-vous ? 
Dominique Kervern : Nous avons identifié le terrain, une promesse d’achat a été réalisée. La construction doit démarrer début 2025 pour une mise en service pour le deuxième semestre 2026. À terme, une quarantaine de logements devrait être mise à disposition pour une durée de 6 à 18 mois. Le projet s’appelle « Ti ar porzh » (La maison du port). 

Est-ce le rôle des entreprises de prendre ce genre d’initiatives ? 
Dominique Kervern : Ce n’est pas le premier rôle de l’entreprise, mais si on veut que les choses avancent, l’entreprise doit aussi savoir être actrice. C’est un impératif pour nous d’aller de l’avant. Mais pour cela il a fallu de l’audace et surtout des partenariats avec des sachants. Car ce projet a été rendu possible grâce à l’investissement et l’expertise d’acteurs publics comme l’OPAC. L’agglomération et la mairie de Concarneau sont d’ailleurs aussi partenaires du projet. Comme le disait Sénéque : « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ». Pour que ce projet voit le jour et se concrétise, il a fallu que tous les partenaires s’engagent au-delà de leur obédience habituelle. 

Le recrutement c’est un sujet pour vous dans le secteur industriel ? Comment se porte-t-il ? 
Dominique Kervern : Le recrutement et la formation sont deux enjeux stratégiques pour nous. Nous étions dans une période durant laquelle le public se détournait de l’industrie et allait plus vers le secteur des services. On est passé par une phase « d’industrie-bashing », notamment dans le naval. Notre ambition aujourd’hui est de redonner à un public plus jeune le goût de venir nous rejoindre et de proposer des parcours au sein de l’entreprise. C’est pour cela que nous avons créé le campus de l’industrie navale (CINAV) avec d’autres acteurs. Nous allons dans les lycées et les collèges pour présenter et valoriser nos métiers. Nous comptons énormément sur l’alternance : chez Piriou, on compte 70 personnes en alternance, soit 10 % des effectifs français sur tous les métiers.