Vous êtes dirigeante d’une agence de communication spécialisée dans l’activité maritime Sea to Sea, pouvez-vous nous parler de votre entreprise ?
Stéphanie Roos-Faujour : Sea to Sea est une agence de communication spécialisée dans une activité de niche : la communication autour de l’économie maritime. C’est un secteur passionnant, innovant, et étroitement lié aux territoires. Au-delà des actions de communication classiques, notre agence met en avant ce qui est un fil rouge et ancré dans notre ADN : la « maritimité » qui regroupe les gens, les territoires et les activités maritimes. Le terme « maritimité » reflète bien l’idée que nous avons et que nous partageons sur le territoire breton : cette notion de culture et d’activités maritimes qui fait partie de notre identité et qui varie en fonction du port où du rivage où l’on se trouve.
Cela fait 20 ans que vous travaillez dans le secteur maritime, cela a toujours été une vocation ?
Stéphanie Roos-Faujour : Je me considère comme une terrienne au service des marins ! Je suis arrivée dans ce secteur après avoir occupé un poste de commerciale pour le Salon de la Pêche de Lorient. J’ai découvert par ce prisme le secteur maritime. Très vite, je me suis passionnée pour celui-ci car il est riche en valeurs humaines et en solidarité. C’est un secteur avec un vrai esprit de filière. Ce qui est intéressant, c’est le lien avec la nature. La mer est un espace contraignant que l’on ne peut pas maîtriser. C’est aussi un enjeu de souveraineté. Cela pousse le secteur maritime a constamment innover, s’adapter et se transformer. Il présente une richesse technologique et technique ainsi qu’une complexité liée à la gouvernance (réglementation internationale, européenne et française). C’est aussi un secteur ouvert sur le monde.
Ce parcours vous a amenée à croiser le chemin de FCE, comment ?
Stéphanie Roos-Faujour : Je suis impliquée dans de nombreux réseaux et interprofessions bretons et concarnois. Je me retrouvais souvent autour de tables où la majorité des participants étaient des hommes, et je n’étais pas toujours en accord avec leur vision. Je me suis dit que nous, femmes, avions un rôle et une vision différente à mettre en lumière. Nous sommes aussi des actrices du développement économique et de l’attractivité de nos territoires, et notre approche est complémentaire. Avec l’accélération des transitions - qu’elles soient écologiques, dans le rapport au travail ou générationnelles - nous devons mettre en avant cette approche et notre regard différent, qui enrichissent les discussions.
Cette réflexion m’a conduite à prendre conscience de la nécessité de faire avancer la place des femmes dans le milieu professionnel. C’est à ce moment-là qu’on m’a présentée au réseau FCE, et j’ai tout de suite été intéressée. J’ai aimé le positionnement du réseau dans la gouvernance de l’économie et la promotion de la place des femmes dans la prise de décision. 33,5 % des entreprises en France sont créées par des femmes, et en Bretagne, ce chiffre monte à près de 37 %. Et elles sont près de 22% à les diriger seules. Mon métier consiste à mettre en lumière les gens et les initiatives dans le domaine de l’économie maritime. FCE, c’est pareil : nous mettons en avant les entreprises dirigées par des femmes et aussi les femmes qui les dirigent qui sont discrètes, voire invisibles.
Vous êtes présidente de FCE Finistère depuis deux ans, quelles sont les ambitions de la délégation ?
Stéphanie Roos-Faujour :Le réseau Femmes Chefs d’Entreprises, FCE France, a bientôt 80 ans. Il a été fondé en 1945 par la première femme élue dans une chambre de commerce. Aujourd’hui, FCE France compte une soixantaine de délégations et plus de 2 000 membres avec à sa tête une Toulousaine, notre présidente Anouk Déqué. La délégation Finistère a été créée fin 2022 et a rejoint celle d’Ille-et-Vilaine créée deux ans plus tôt. Nous souhaitons développer ces deux délégations et pourquoi pas en ouvrir d’autres dans le Morbihan et les Côtes-d’Armor.
La Bretagne est une terre de réseaux, avec d’autres associations bien connues et actives. La spécificité de FCE, au-delà de la sororité et du développement de la dirigeante, est de rendre visibles les femmes chefs d’entreprises de France qui font bouger nos territoires et de les pousser à s’investir dans la prise de décision économique. Un des moyens pour cela est de les encourager à se porter candidates pour des mandats sociaux, et d’être présentes dans les instances, conseils économiques et sociaux, chambres de commerce, d’artisanat, d’agriculture, conseils de développement économique, etc. Le sujet n’est pas la parité ; il ne s’agit pas de faire le quota. Il s’agit d’occuper une juste place, car nous représentons un tiers de l’entrepreneuriat, nous sommes compétentes et nous apportons une vision différente et complémentaire à celle des hommes. Il ne s’agit pas d’être en opposition ou de vouloir faire "comme eux", mais de faire "avec eux".
Quel message avez-vous envie de faire passer à ceux qui nous lisent et que vous croiserez sûrement au FEB ?
Stéphanie Roos-Faujour : Le FEB est incontournable pour rencontrer les décideurs et acteurs institutionnels et privés du monde économique en Bretagne. FCE se doit d’y être présent pour échanger, s’inspirer et inspirer. En ce sens, je me félicite que nous ayons été entendues et je remercie Christian Pousset de nous offrir cette opportunité. Nous y serons présentes avec notre présidente Anouk Déqué, nos deux délégations bretonnes, celle de Paris et des membres de toute la France. Nous venons pour parler de cette association et plus largement pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin.
Nous voulons également mettre en avant le témoignage de nos membres, bretonnes et d’autres territoires, sur leurs parcours et expériences et sur ce qu’elles apportent en réponse à cette question : "Il est où le bonheur ?". Quelle relation entre bonheur et entrepreneuriat, quelle contribution des femmes chefs d’entreprises au bonheur collectif et comment à la construction d’un bonheur sur le territoire ? J’invite toutes les femmes et aussi les hommes à venir à notre rencontre au FEB, sur notre stand au Village, pour y écouter les témoignages des cheffes d’entreprises. Pour moi, le bonheur est dans le jeu collectif, à la fois dans mes activités professionnelles et dans mon engagement associatif sur le territoire. Je ne conçois pas d’avoir une activité économique sur le territoire sans jouer collectif.