José Milano, président exécutif d'Omnes Education.
À quels challenges la formation a-t-elle été confrontée ces dernières années ?
Depuis 25 ans, notre pays est face à un effondrement de la création de valeur en Europe et en France. En 1998, le PNB de l’Europe était au même niveau que celui des Etats-Unis, soit 25 % ; en 2023, le PNB des Etats-Unis s’est maintenu à 25 % grâce au virage technologique entrepris tandis que l’Europe et la France l’ont raté, ce qui s’est traduit par un PNB de l’ordre de 16 %. Afin de recréer une économie forte et créatrice de valeurs, la restauration de l’outil de production des compétences et des connaissances est un axe qui mérite d’être porté et transformé en profondeur. Cela permettrait à la fois d’embarquer la jeunesse, les entreprises et les salariés, pour que cet écosystème reste toujours à la pointe des compétences, y compris les nouvelles qui ne cessent d’évoluer de manière exponentielle (IA, data, RSE…), pilier essentiel pour remporter la bataille de la compétitivité dans les territoires. Aujourd'hui, notre société fait face à trois transformations majeures : démographique, numérique et écologique. Tous les acteurs économiques doivent intégrer ces trois dimensions ; et la transition éducative doit devenir le prérequis de ces 3 autres transitions. La formation joue même un rôle clé pour faire de la réindustrialisation de notre pays une véritable réussite. De manière générale, les métiers se complexifient. Des postes auparavant accessibles avec un niveau Bac +2 nécessitent désormais un Bac +3, en particulier avec l'intégration d'éléments électroniques. Des fonctions à plus forte valeur ajoutée incluent désormais la R&D.
Quels changements devons-nous mettre en place pour proposer une formation de qualité et proche du territoire selon vous ?
La transition éducative doit permettre aux entreprises et aux pouvoirs publics de se maintenir à la pointe de l’innovation, notamment en R&D, et de les accompagner dans leur politique de filières notamment industrielles. Cela se traduit tout d’abord par une démarche d’apport des compétences issues d’une offre d’enseignement supérieur adaptée, grâce à une approche hybride, combinant des formations en présentiel et en digital, ciblée selon les besoins des territoires. En outre, l’approche pédagogique des formations doit intégrer les nouvelles technologies telles que l'IA et la data, tout en tenant compte des enjeux de responsabilité sociale des entreprises (RSE). C'est d'ailleurs le choix que nous avons fait au sein du groupe OMNES Education en nous engageant à former l’ensemble de nos 40 000 étudiants à la data et à la RSE d’ici 2026, dont la moitié dès la rentrée 2024/2025.
Comment cela se concrétise-t-il chez Omnes Education ?
Nous avons ouvert en septembre 2023 un campus à Rennes, accueillant 300 étudiants (2000 à horizon 2027) au sein de 4 écoles dédiées à la formation en management & business, à la communication & design, à l’ingénierie numérique & cybersécurité et aux sciences politiques & relations internationales (INSEEC, Sup de Pub, ECE et HEIP). À partir de septembre, nous lancerons des expérimentations pour rapprocher les collectivités territoriales et les entreprises et répondre à leurs besoins en compétences. Nous envisageons d’aller à la rencontre des jeunes habitant des villes moyennes pour leur offrir un accès à l’enseignement supérieur. C’est en faisant preuve de davantage d’agilité et de rapidité que nous souhaitons devenir un acteur clé de l’enseignement supérieur en Bretagne, qui pourra à la fois répondre aux besoins spécifiques d’attractivité des territoires, aux nouvelles façons d’apprendre recherchées par les jeunes, ainsi qu’à l’évolution récurrente des compétences recherchées par les entreprises.
Quelle est la démarche à suivre aujourd’hui selon vous ?
Nous avons la responsabilité de former tous les publics, y compris ceux éloignés de la formation supérieure. L'objectif est de développer des approches combinées tout au long de la vie, pour répondre aux besoins individuels des étudiants, des salariés et des entreprises. Cela doit passer par une offre d’enseignement supérieur avec des formations en présentiel, numériques et des partenariats. Enfin, il est indispensable de repenser le modèle de l'apprentissage. Cette révision doit maintenir une politique publique vertueuse en faveur des étudiants et des entreprises, tout en optimisant le financement public.
