Vous êtes une nouvelle fois partenaire du Forum économique breton, pourquoi ?
Le succès croissant du FEB au cours de ses deux premières éditions, et le programme très fourni de sa troisième qui s’annonce, démontrent que l’évènement trouve pleinement sa place dans le tissu économique breton, qui réunit acteurs privés et publics. Nous y avons été associés dès ses prémices en 2019 et jouons comme à notre habitude la carte de la fidélité à ce qui nous plaît. Niji a été créée à Rennes il y a plus de vingt ans, notre siège social y est implanté et nous sommes très attachés à cette appartenance forte au territoire. Nous sommes aussi solidaires de tous les acteurs du territoire que nous accompagnons dans leur transformation numérique. Et puis il nous apparaît opportun, dans un monde perturbé, de prendre le pouls des grandes tendances telles que les sentent nos pairs implantés en Bretagne.
Comment voyez-vous la transformation numérique des entreprises bretonnes en général ?
Au-delà de quelques grandes entreprises peu nombreuses, le tissu économique breton est majoritairement constitué de relativement petites ETI, de multiples PME et d’encore plus nombreuses TPE. Ces entreprises souvent familiales, majoritairement industrielles et souvent maillons de chaînes de sous-traitance parfois instables dépendant de géants nationaux, n’ont que très rarement l’assiette économique à laquelle il est financièrement acceptable d’investir, ou de faire admettre l’investissement par la structure actionnariale. En outre, et même s’ils le sont de plus en plus souvent, les dirigeants, pour les plus petites d’entre elles, ne sont pas acquis à la cause de la nécessité de cette transformation qui pourtant concerne absolument toutes les entreprises. Par ailleurs très souvent ancrées dans la ruralité de nos territoires, il ne leur est pas simple de faire venir en famille les talents nécessaires à l’accompagnement de cette transformation. J’ajouterais aussi que l’hypermédiatisation du « phénomène start-up » a généré l’idée que l’innovation se passait ailleurs qu’au sein de ces entreprises, parfois une forme de complexe, dans bien des cas une réelle incompréhension. Or les transitions écologiques et énergétiques dont on parle beaucoup aujourd’hui et qui doivent être engagées, ne peuvent se faire qu’au prix d’un minimum de transformation numérique préalablement engagée et assumée. Il y a donc un vrai danger à laisser ce tissu économique sans accélération numérique à court terme, car l’équilibre socio-économique des territoires dont il est la clé de voûte pourrait s’en trouver fragilisé et la valeur patrimoniale de ces entreprises pour les familles majoritairement aux commandes, de même d’ailleurs que pour les fonds de capital-développement régionaux de plus en plus investis, fortement diminuée à moyen terme. Il convient donc de rééquilibrer le fléchage des investissements en tout genre, et leurs encouragements au plus haut niveau de l’État, vers ces entreprises de l’économie réelle, celle du bas de bilan, avant que le fossé qui s’est déjà créé avec l’économie de haut de bilan - celle des start-up tellement à la mode - ne devienne insoutenable. Et d’aligner toutes les parties prenantes de ces transformations – banques, conseils des entreprises et collectivités – sur cette vision de réhabilitation de ce qui représente sans doute encore plus de 95 % de l’emploi salarié durable de nos territoires.
Un conseil aux entreprises du territoire pour booster leur performance numérique ?
Accepter de questionner la mission qu’elles se donnent et l’impact de la société et de l’économie numériques sur cette mission ; pas toujours – pas souvent – au point d’en perdre sa mission mais assurément toujours, au point de la voir progressivement redessinée, et pas toujours à la marge. Lorsque l’on est une entreprise industrielle, réfléchir au poids croissant des services dans sa proposition de valeur, en réponse à des attentes de « servicialisation » de plus en plus fréquentes de la part des marchés : « je ne possède plus un bien matériel dont j’amortis le coût total de possession mais je souscris aux services qu’il permet de me rendre » … et lorsque la possession du bien matériel reste de mise ne serait-ce que parce qu’il a vocation à être consommé, il ne sera pas en reste de services additionnels.
Toujours partir des enjeux et des finalités (le « pourquoi » des choses), des usages et des utilisateurs (le « quoi » des choses) pour seulement ensuite s’attaquer à la dimension technologique du numérique (le « comment » des choses »). Ne jamais commencer par cette dernière car sans capacité à la raccrocher aux aspects fonctionnels préalablement bien définis, en regard d’une stratégie bien partagée, les risques d’échec sont importants et tout cela étant systématiquement – et fort heureusement – en environnement budgétaire contraint, on ne peut y revenir aussi souvent … le fameux « droit à l’erreur » a ses limites … du moins dans l’économie de bas de bilan qui ne peut investir – et non dépenser – que ses résultats et ce que ses partenaires bancaires peuvent lui accorder d’accompagnement financier … toujours adossé d’une façon ou d’une autre à ces résultats !
Niji est à nouveau fournisseur officiel de la prochaine édition de la Route du Rhum Destination Guadeloupe : quel est le lien entre innovation digitale et voile de compétition ?
Le lien entre la voile de compétition et notamment la course au large, et le monde numérique, dépasse largement ce partenariat qui s’inscrit surtout dans la possibilité de tout connaître de cet évènement sportif emblématique avant, pendant et après son déroulement, au moyen d’outils digitaux adaptés et notamment d’un site web et d’une application mobile à l’état de l’art. Le numérique est aujourd’hui au cœur de la conception et de la fabrication de ces « Formule 1 des mers », de leur utilisation et de leur optimisation aussi et enfin, de leur suivi permanent. Et les transitions écologiques et énergétiques qui doivent accompagner ce secteur ne se feront pas sans numérique à plus forte dose aussi. Pour Niji, c’est là encore comme pour le FEB, une question de fidélité à ce qui marche et est bien organisé, à ce qui fédère la Bretagne et ses entreprises, nombreuses à être partenaires de l’évènement ou sponsors de marins, et à ce qui nous permet de faire rayonner des valeurs que nous partageons.