Au 3ème trimestre 2021, en Bretagne, le taux de chômage était de seulement 6,5 %. Soit 0,2 en dessous de son niveau avant la crise sanitaire. Peut-on dire que la Bretagne est sortie de cette crise par le haut ?
Ces chiffres sont effectivement très encourageants. En revanche il faut aussi faire attention et ne pas croire que la partie est totalement gagnée. De nombreux défis restent à relever. En clair, au-delà des bonnes performances, il est également nécessaire que les habitants de la région vivent bien avec leur emploi. De faire en sorte que la fonction qu’ils occupent leur permettent de trouver un équilibre entre leur vie professionnelle et leur inclusion sociale. Les travailleurs doivent avoir suffisamment de moyens pour se déplacer et se loger correctement en Bretagne. Une problématique qui émerge alors que les prix de l’énergie et de l’habitat augmentent dans la région et occupent une place de plus en plus importante dans les revenus des citoyens. Ainsi il reste beaucoup de chemin à parcourir pour favoriser le « bien-vivre » grâce au travail. Cependant il ne faut pas tomber dans l’écueil qui consiste à résumer le bien être d’un salarié à la hauteur de sa fiche de paie. Le bien-être c’est avant tout donner du sens à la tâche qui est réalisée et fournir de bonnes conditions de travail.
Le dynamisme de la région se caractérise par un formidable élan entrepreneurial, puisque quasiment 40.000 nouvelles entreprises ont vu le jour en Bretagne en 2021, alors que le pays était encore plongé en pleine pandémie de Covid-19. Quels sont les facteurs qui ont contribué à cette résilience de l'économie bretonne ?
Tout d’abord la crise a conduit de nombreuses personnes à s’interroger sur le sens de leur activité. Un temps que certains ont mis à profit pour maturer et mettre en œuvre des projets professionnels qu’ils avaient en tête depuis un bout de temps. Ces instants de réflexions ont suscité des vocations chez des citoyens qui se sont lancés avec passion dans l’aventure entrepreneuriale. Enfin l’autre élément qui peut expliquer la réussite bretonne, c’est la qualité des réseaux d’accompagnement dans la région. L’écosystème breton, qui s’articule entre les différentes collectivités, que ce soit la région, les départements, les communes ou les métropoles, épaule et conseil les personnes désireuses d’ouvrir une société. Nous sommes également très fiers d’arborer un record national : la Bretagne est, parmi toutes les régions françaises, celle qui a vu le plus de créations d’entreprises par des femmes. Ces trois facteurs concourent donc au développement de l’entrepreneuriat à l’échelle régionale.
La croissance des entreprises bretonnes est telle qu’aujourd’hui certaines firmes peinent à pourvoir des emplois. De quelles façons la région s’engage pour capter les talents sur le territoire ?
Plusieurs leviers s’offrent à nous pour inciter les travailleurs à venir en Bretagne. Le premier consiste à améliorer la formation professionnelle. C’est une chose d’attirer les travailleurs dans la région, mais le tout est d’en attirer des qualifiés, ou alors de pouvoir les former une fois sur place. Evidemment, le second levier consiste à améliorer l’attractivité du travail en Bretagne. L’objectif est de donner envie aux chercheurs d’emplois de venir s’installer sur notre territoire. Il parait donc nécessaire de favoriser la mobilité jusqu’à et au sein de notre région. En effet plus de 50% des offres d’emplois seraient refusées pour des raisons de manque d’accessibilité. Les gens ne savent pas comment se rendre sur leur potentiel lieu de travail et ne savent pas non plus où s’installer afin de limiter leurs déplacements. Sur ces questions de mobilité et de logements nous agissons en soutenant des projets et des expérimentations initiées par les collectivités et les entreprises. A titre d’exemple de nouvelles zones d’habitat sont louées par des entreprises, de même certains centres de vacances sont transformés pour accueillir des saisonniers.
La crise Covid a fait émerger de nouvelles modalités de travail, à commencer par le travail à distance. Comment la région peut-elle tirer parti de ces pratiques ?
Nous avons, sur ce point, une ambition forte, qui est de « fibrer » toute la Bretagne, à savoir fournir un haut débit à tous les locaux d’entreprises mais également tous les habitats à l’horizon 2026. Ainsi les conditions seront optimales pour télétravailler. Cette évolution favorisera donc la captation de talent au niveau national mais également sur le plan européen. Notre ambition s’oriente aussi vers la création de nombreux espaces de coworking dans chaque intercommunalité de Bretagne. Nous faisons le pari que les nouvelles modalités de travail du fameux « monde d’après » ne se résumeront pas à l’activité à distance. Il se peut que certains salariés eux-mêmes décident de travailler en réseau, collectivement afin de s’épanouir pleinement dans leur vie professionnelle.