BDI (Bretagne Développement Innovation) est l’agence régionale de développement économique. Quelles sont ses attributions spécifiques sur le domaine de l’énergie ?
AT : Nous sommes en charge, par la volonté de la Région Bretagne, de structurer un certain nombre de filières industrielles dont par exemple la filière des énergies marines renouvelables. On parle principalement des projets d’installations d’éoliennes qui se développent au large des côtes bretonnes. L’idée est d’organiser un réseau de sous-traitance pour faire de ces champs d’éolien en mer un relai de croissance pour les entreprises de différents secteurs. De même nous avons été à l’origine du programme SMILE et nous suivons de très près les projets soutenus par l’association du même nom, notamment sur la frugalité énergétique, les réseaux électriques intelligents ou l’autoconsommation. Enfin l’autre grand programme en lien avec l’énergie que nous pilotons est celui de l’hydrogène. Il s’agit là aussi pour nous d’identifier les forces bretonnes et de les positionner sur ce marché.
BDI sera donc logiquement cette année le leader de la communauté Transition énergétique. Pourquoi avez-vous pris cet engagement ?
AT : Notre choix se fonde en effet avant tout sur un raisonnement logique. Alors que la région se dirige vers un déploiement plus massif des énergies renouvelables, BDI cherche à montrer aux acteurs bretons qu’il y a des opportunités de business à saisir dans ces domaines. Chaque entreprise de la région doit comprendre qu’à son échelle, elle peut agir dans la mutation écologique de la Bretagne. Ainsi le FEB représente une occasion de communiquer sur nos programmes en lien avec la transition énergétique. L’évènement nous permettra de mettre en valeur l’engagement des entreprises et les investissements publics ou privés qui peuvent les accompagner. Nous prévoyons de rendre visible les atouts bretons dans ce domaine au sein d’un Observatoire de la Transition Energétique, dont les premiers résultats seront présentés lors du FEB.
Selon vous, quels sont les grands enjeux de la transition énergétique, en particulier pour la Bretagne ?
AT : Le véritable enjeu à notre échelle pour parvenir à cette transition est de créer une synergie entre les entreprises. Il est nécessaire de mettre en relation les différents acteurs pour créer de nouvelles dynamiques de production, de transport, de stockage et de consommation d’énergies renouvelables. Nous cherchons à créer du lien entre les maillons de la chaine pour que chacun comprenne les besoins au niveau des technologies et des infrastructures nécessaires, ainsi que les nouveaux modèles économiques qui émergent. La Bretagne pourrait ainsi avoir une longueur d’avance sur ces sujets de transition. L’objectif à terme est de constituer un terreau favorable au renouvellement du mix énergétique breton par les entreprises bretonnes.
En composant ce nouveau mix avec, principalement, des énergies renouvelables, la Bretagne pourra endiguer en partie le phénomène de dépendance énergétique dont elle est l’objet, de surcroît dans un contexte d’augmentation du prix des énergies fossiles en fonction des ressources disponibles ou des situations géopolitiques. Ainsi l’un des atouts majeurs de la région réside dans la vitesse à laquelle elle s’est adaptée aux politiques publiques relatives à la production d’énergie verte. La Bretagne a par exemple misé très rapidement sur la méthanisation et plus récemment sur l’éolien flottant en mer. Ce virage vers les énergies propres s’explique notamment par la géographie et les activités sur le territoire breton : l’agriculture produit une quantité importante de biomasse nécessaire à la production de biogaz, et le littoral offre un espace considérable pour y installer des éoliennes – une aubaine alors que la France souhaite produire 40 GW d’électricité grâce à l’éolien flottant d’ici 2040.
La crise géopolitique actuelle bouscule nos schémas de production, d'acheminement et de consommation d'énergie imposant dans les débats la question de la souveraineté énergétique. Quel rôle pourra jouer la Bretagne sur ce plan ?
AT : Sur l’éolien en mer posé, la France a pris beaucoup de retard en comparaison avec les autres pays d’Europe. Le départ plus tardif que dans d’autres pays, et la lourdeur des procédures françaises ont conduit les professionnels du secteur à se diriger vers d’autres pays. Avec l’éolien flottant qui est une nouvelle opportunité, la Bretagne doit donc devenir pionnière et leader dans ce domaine. Ces installations bénéficient potentiellement d’une meilleure acceptabilité que l’éolien posé car elles peuvent se déployer plus loin des côtes, entrainant moins d’impact sur les usagers de la mer, et sont moins visibles. D’autant que l’éolien flottant est plus productif car il permet d’aller chercher des vents plus réguliers et plus puissants. C’est aussi le sens de l’investissement de 220 millions d’euros de la Région Bretagne pour ancrer cette industrie sur le port de Brest.
La Bretagne donne aussi l’exemple sur le dossier de l’hydrogène. Si la Région s’est résolument engagée sur ce nouveau vecteur énergétique, les usages sont encore trop peu nombreux. En effet, en Bretagne de multiples acteurs sont aptes à produire et stocker de l’hydrogène, mais les consommateurs manquent. La Région entend donc faire passer une bonne partie des flottes de bateaux qu���elle finance (desserte des iles, pêche, etc.) à l’hydrogène. Il en est de même pour les ports dont la Région est propriétaire et où elle travaille avec les concessionnaires sur certains usages (prises de quais, chariots élévateurs, …). Il est aussi essentiel d’impliquer les métropoles et les agglomérations qui ont le pouvoir de faire passer certaines mobilités à l’hydrogène (transports en commun, bennes à ordures ménagères, …) ou le secteur privé (usines, entrepôts, logistique, …). Charge à BDI de trouver les acteurs et les financeurs pour réaliser tous ces projets.
En tant que leader de la communauté transition énergétique, quel serait pour vous un FEB réussi ?
AT : Les écosystèmes d’entreprises en Bretagne sont déjà là mais ont besoin de se retrouver. La crise sanitaire a mis en partie sous cloche la collaboration entre les sociétés et le FEB doit leur permettre de retrouver. Nous devrons favoriser le foisonnement des idées, le partage des connaissances et surtout des contacts directs qui peuvent conduire à la naissance de beaux projets. Soit autant d’opportunités qui ne pourront exister que grâce à la convergence des acteurs publics et privés en Bretagne.