Justice sociale, parité, éducation, santé, équité territoriale… Il y a de nombreuses façons d’aborder l’égalité sur un territoire. Alors comment définir cette notion et surtout comment l’appliquer concrètement ? Réponse avec Madeg Le Guernic, Professeur à la Rennes School of Business.
La première définition d’égalité que l’on peut donner vient du latin aequus, qui signifie « uni ». « C’est une relation entre deux choses ou deux groupes ne présentant aucune différence de grandeur ou de qualité », précise Madeg Le Guernic, professeur au sein du département Management et Organisations à la Rennes School of Business. « On peut prendre comme exemple la devise de la République Française ‘Liberté, Égalité, Fraternité’. Ce ne sont pas des principes séparés, car derrière toute notion d ‘égalité il y a une notion de justice », poursuit-il.
ÉGALITE : TROIS DEFINITIONS POUR UNE NOTION
Trois définitions de l’égalité peuvent être identifiées. L’égalité de nature : tous les Hommes sont égaux car ils font partie d’un tout. L’égalité de droit : c’est l’égalité devant la loi. Nul n’est au-dessus des lois. Nous avons tous les mêmes droits et mêmes devoirs, c’est la condition de la liberté selon Rousseau. Enfin, il y a l’égalité économique et sociale, celle qui nous concerne le plus aujourd’hui. On passe du ‘droit de’ au ‘droit à’ pour arriver à une égalité de fait, c’est l’application de la loi de facto. La notion de parité arrive dans ce cadre. C’est un nouvel indicateur de l’égalité qui vise à compléter la loi. On pense notamment à la loi Coppé-Zimmermann de 2011 qui oblige les grandes entreprises à nommer au moins 40% de femmes au sein de leur conseil d'administration et de surveillance.
VERS PLUS D’ÉQUITÉ
Reste encore du chemin à parcourir avant d’arriver à l’équité. C’est ce que théorise l’économiste, philosophe et Prix Nobel indien Amartya Sen : l’équité n’est pas donner la même chose à tous, mais permettre à tous d’avoir accès à la même chose. Selon cette pensée, les inégalités sociales et économiques ne sont acceptables que si elles s’inscrivent dans un système de positions sociales également accessibles à tous. C’est le principe également développé par le philosophe américain John Rawls. Reconnaissant les inégalités de fait, l’équité vise à instaurer une égalité de droit. « Le contrat social doit donc privilégier l’équité pour une société plus juste, c’est le principe de l’égalité des chances », précise Madeg Le Guernic.
ÉGALITE ET TERRITOIRE, UN EQUILIBRE NECESSAIRE
Appliquée au territoire, l’égalité consiste à proposer des opportunités à toutes et tous pour maximiser les chances, surtout des plus défavorisés. « Éducation, emploi, santé, parité… Il est possible de ne pas proposer les mêmes solutions d’égalité pour tous à partir du moment où les plus défavorisés ont des alternatives de qualité, explique Madeg Le Guernic. Cela demande de ne pas se concentrer uniquement sur les faits (symptômes), mais sur les déterminants (causes) des inégalités sur le territoire », poursuit le professeur. Pour le territoire breton, on pense notamment à des solutions innovantes concernant la santé et l’accès à l’emploi. « Mais l’égalité des chances et l’équité ne remplaceront jamais l’égalité des droits, rappelle Madeg Le Guernic. Elle en applique l’esprit dans les faits ! ».